dimanche 14 avril 2024

The Jesus and Mary Chain à l'Elysée Montmartre (13/4/24)


 Que le printemps parisien est doux, malgré les intempéries.... En l'espace de quelques semaines on a la chance de voir se succéder des monuments ; Les Pixies, Liam Gallagher & John Squire et maintenant les fondateurs de la noisy pop, les immenses The Jesus and Mary Chain...

40 ans de carrière et un tout nouvel album, le 8ième, très inspiré qui donne l'occasion au groupe des frères Reid de reprendre la route et de faire un passage à l'Elysée Montmartre, forcément sold out...

Le show commence fort avec Jamcod, un nouveau brulot ou Jim Reid proclame l'overdose de Mary Chain. Ne t'inquiète pas Jim, on en aura jamais assez de cette noirceur chaude, j'oserai meme dire réconfortante, dont les écossais nous abreuvent depuis leurs débuts...


Le Hit, "Happy when it rains" (véritable profession de foi) suit et exalte la foule. Comme lors des 3 soirs des Pixies à l'Olympia, Head on, que les lutins reprenaient dejà en 91 sur Tompe le monde, 2 ans seulement après la sortie du single par les Mary Chain, donne le ton. La boucle est bouclée.

Très vite, Jim nous dit qu'il lutte un peu au niveau du chant, la faute à un mal de gorge persistant, mais il explique qu'il ne veut pas prendre cela comme excuse. A part sur certains titres, ou on sent qu'il a du mal à pousser, Jim s'en sort plutot bien et assure une prestation honnête en donnant tout ce qu'il a.

Les morceaux du nouvel opus, Glasgow Eyes, enregistré dans le studio de Mogwai, fonctionnent très bien au milieu des classiques du groupe. Chemical Animal et le tube The Eagles and the Beatles font fort impression.


Après un petit creux, le concert redécolle littéralement avec Some Candy Talking et ses montées Tom/Caisse Claire avec le "Talk" lançant la guitare fuzz démoniaque de William... une extase... le noisy In a hole et la pépite Sidewalking enfoncent le clou. Les Mary Chain sont partis et ca déroule... Blues from a Gun asphyxie tout le monde. Venal Joy et I love Rock n roll terminent la mission... Avant le final Just like Honey, morceau mythique...

4 titres en rappel dont les classiques Darklands et Never Understand me...

Une master class du cool et de l'attitude punk... Indémodables et éternels les frères Reid.

A lire également les Mary Chain rejouant leur chef d'oeuvre Psychocandy ou en Best Song Ever ou encore leurs descendance Oasis, Black Rebel Motocycle Club, Primal Scream

jeudi 4 avril 2024

Liam Gallagher et John Squire à la Salle Pleyel (2/4/24)

 

La réunion de 2 légendes n'accouche pas toujours de grands exploits mais la venue à Paris à la salle Pleyel de Liam Gallagher (Oasis) et John Squire (Stone Roses) nous faisait saliver depuis de longues semaines...

On ne présente plus Liam Gallagher qui, après une période de vache maigre avec Beady Eye au début de la décennie précédente, s'est parfaitement relancé avec 3 albums solo de bonne tenue et surtout des prestations live toujours aussi intenses. John Squire, l'un des meilleurs guitaristes du Royaume Uni depuis le 1er album mythique des Stones Roses et son jeu de guitare inventif et ludique à nul autre pareil, aura été bien discret ces dernières années, mis à part la reformation des Roses et 2 singles pas très emballants il faut dire...


Mais le talent ne meurt jamais. Après la pige de Squire à Knebworth en 2022 sur Champagne Supernova lors des 2 soirées de prestige de Liam en solo, les 2 acolytes se sont dits qu'ils feraient bien de la musique ensemble... Inspiré par la voix et la présence animale du benjamin des frères Gallagher, John Squire a écrit 10 chansons, socle d'un album qu'on pourrait qualifier de rock psychédélique...

Après un bon set de Jake Bugg solo acoustique, meme si sa voix nasillarde peut lasser  à la longue, le groupe entre en scène à 21h15. Un batteur, un bassiste et un gars aux synthés en seuls support de la guitare de John et de la voix de Liam permet de bien mettre en valeur nos 2 super héros. Le combo sonne vraiment seventies. La basse est ronde et ondulante, la batterie en roue libre et les synthés chauds et au diapason... Ca laisse de la place à l'inspiration de John qui n'hésite pas à prendre la place et à rallonger les superbes solos de l'album...


Quelle sensation inoubliable de voir de la fosse à gauche Liam, en forme, donnant toute la puissance et la chaleur de sa voix si reconnaissable et à notre droite, John, ses Stratocasters rutilantes et son touché magique qui nous émerveille. On est fasciné par les 2 hommes. A nos oreilles, le mariage est réussi... Il y aura .eu un creux au milieu du show avec les 2 titres les moins convaincants de l'album mais pour le reste on est conquis.

Just another Rainbow, One Day at a time et I'm a wheel, bluesy à souhait avec un solo largement augmenté... un début de concert parfait... Après le creux, John enfourche, une fois n'est pas coutume, une Les Paul et le riff I'm so bored relance la machine que viennent faire exploser Mars to Liverpool et Raise your Hands, leur hymne...

En guise de rappel une charmante reprise du Jumping Jack Flash des Stones et le tour est joué... Une heure de concert, c'est peu mais ils ont joué tout ce qu'ils avaient en stock... Court mais intense... On signe déjà pour voir la suite...

A lire également le retour de Liam celui des Stone Roses et le dernier concert parisien de Noel...

vendredi 29 mars 2024

Pixies à l'Olympia (25&26&27/3/24)


Les Pixies étaient de passage pour un tryptique monumental à l'Olympia et sans hésitation il nous fallait faire l'expérience complète des ces 3 jours consécutifs dans cette enceinte mythique du boulevard des Capucines.

Après avoir célébré les 20 ans de Doolittle en 2009 au Zenith et les 30 ans de Come on Pilgrim/Surfer Rosa à Londres en 2018, les Pixies ont décidé de faire une grand tournée mondiale pour rejouer en intégralité leurs 3ieme et 4ième LP : Bossa Nova (90) et Trompe le Monde (91).

Ces 2 albums un peu mal aimés par les fans, en comparaison des cultissimes et indépassables premiers disques méritaient bien une réhabilitation en bonne et due forme. Après le succès d'estime et critique de Doolittle, Frank Black avait clairement l'intention de sortir, avec Bossa Nova, un disque plus pop et plus à même de propulser son groupe sur la voie du succès. Le succès fut relatif . L'ouverture d'esprit et la diversité de styles abordés sur Bossa Nova rendait l'album plus difficile à appréhender et moins évident, car perçu comme moins cohérent que Surfer Rosa ou Doolittle. 


Trompe le Monde, l'ultime disque des Pixies avant une séparation rendue inévitable de par les tensions au sein du groupe entre Black et Kim Deal, est clairement un album influencé par le Heavy Metal et rempli d'une rage profonde et d'une colère liée aux frustrations d'un avenir qui semblait bouché pour les Pixies... Sorti en même temps que Nevermind en septembre 91, Trompe le Monde n'aura pas le même succès et Frank Black annoncera la fin du groupe à ses acolytes par fax... Classe... Avant que Kurt Cobain ne répéte à l'envi qu'il avait tout piqué aux Pixies, rendant par la même le groupe ultra culte... Il fallut attendre la reformation de 2004 pour que les Pixies profitent enfin d'un succès auquel ils étaient destinés à l'époque...

Pris à part, Bossa Nova et Trompe le Monde sont deux excellents disques, remplis de chansons fortes et iconoclastes que tout groupe à guitares rêverait d'enregistrer... Réétendre ces albums en live dans leur intégralité fut une délectation, presque une redécouverte. 

Ce qui ressort à chaque prestation des Pixies, c'est cette formidable capacité à rendre intacte l'intensité et l'énergie de ces chansons vieilles de plus de 30 ans. La voix de Frank Black n'a pas beaucoup bougé et il réussit encore à exploser en criant comme un chat égorgé... C'est stupéfiant. Le reste du groupe est au diapason et la nouvelle bassiste (Emma Richardson remplace Paz Lenchantin après 10 ans dans le groupe) au timbre de voix là encore proche de celui de Kim Deal, s'est rapidement fondu ans le décor.

On dira sans cesse tout le bien que l'on pense de Joey Santiago, guitariste hors pair dont les arrangements mélodiques donnent le ton et font la marque Pixies (le meilleur exemple est la mélodie de Where is my mind que tout le monde retient en 1er). Le son est tout bonnement excellent, la guitare rythmique de Frank Black, souvent noyée dans le mix, est ici parfaitement audible. Comme à son habitude, le combo enchaine les titres sans s'arrêter. 


La diversité de mood de Bossa Nova rend la 1ere partie du concert envoutante. En live toutes ces chansons sonnent du tonnerre et prennent encore plus de profondeur. Les contrastes sont marqués, l'éclectisme nous ravit et nous emporte. l'enchainement Rock Music, My Velouria, Allison, Is she weird (oui elle est vraiment bizarre cette chanson), Ana, All over the world est chaque soir un pur régal... On passe par tellement d'ambiances différentes, avec une parfaite interprétation des sentiments multiples induits par ces chansons...

Trompe le Monde remet les pendules à l'heure et c'est dans une rage contrôlée mais libératrice que les Pixies envoient les spectateurs au 7ième ciel avec un bon vieux coup de pied dans cul... La rage de Planet of Sounds, Alec Eiffel, the sad punk donne des frissons. Chaque soir, la reprise de Jesus and Mary Chain, Head on est une déflagration qui embrase la salle... U Mass derrière achève tout le monde...

Les rappels seront différents chaque soir malgré la base de départ constituée d'une nouvelle chanson, Vegas Suite, et Waves of Mutilation en version surf rock. Where is my mind et Here comes your Man lundi et mercredi, Nimrod's son, Hey et Caribou le mardi...

Voir les Pixies 3 soirs de suite dans cette salle mythique revient presque à une expérience chamanique avec ses rituels, ses répétitions et ses subtiles variations... L'énergie dégagée par le groupe et rendue par le public nous portera pendant un moment... C'est définitivement le pouvoir de la musique et de son expérience collective en concert.... On touche là au spirituel dans sa plus belle expression...

On redemande déjà...

On allait presque oublier de parler de la première partie, The Pale White, groupe de Newcastle, dont le rock à la fois tendu et psychédélique avec de belles mélodies aura été une très bonne introduction au quatuor magique...

A lire également Doolitlle 20 ans au Zenith ou les Pixies à l'Olympia en 2023... ou en best Song Ever avec Where is my mind...

samedi 9 mars 2024

AIR à l'Olympia (7/3/24)


 Le mythique duo versaillais de la French Touch, AIR, a créé un réèl engouement en annonçant il y a quelques semaines leur réunion pour célébrer les 25 ans de leur 1er album, Moon Safari. Les places pour ce concert à l'Olympia sont parties en quelques minutes... Et il en fut de meme pour la majeure partie des dates de la tournée, dont une vingtaine aux Etats-Unis.

Il faut dire qu'à la fin du siècle dernier, une poignée de groupes electro français ont conquis le monde avec ce mouvement, hétérogène, consacré French Touch et regroupant AIR, Daft Punk, Laurent Garnier, Cassius, Etienne de Crécy ou encore Alex Gopher... La plupart de ces groupes venant de Versailles d'ailleurs...

Avec Moon Safari, AIR se distinguait de ses pairs par un retour au son vintage seventies des synthés (Fender Rhodes, Moog) l'omniprésence d'une basse groovy et de quelques guitares, le tout avec une approche électro touche à tout conférant à l'ensemble un son retro-futuriste qui aujourd'hui encore épate...

 La scénographie est particulièrement soignée avec une sorte de capsule futuriste ressemblant à un vaisseau spatial, prêt à s'envoler pour ce safari lunaire que le public attend avec ferveur. Dans la fosse, on est étonné de voir, en plus des visages fanés par le temps des 1er fans, beaucoup de jeunes gens et surtout beaucoup de femmes.


Le groupe, tout de blanc vétu, monte sur scène en version trio, avec un batteur en plus de Jean-Benoit Dunckel et Nicolas Godin et va jouer en intégralité et dans l'ordre les 10 morceaux de Moon Safari. Et dès le départ, le voyage décolle dans l'hyper-espace avec les titres majeurs que sont La femme d'Argent, Sexy Boy, All I need et Kelly watch the Stars... 4 titres que AIR jouait en rappel pendant leur tournée précédente en 2016/2017....

Pas facile d'enchaîner après ce tumulte initial, mais l'album est tellement cohérent et solide que le reste des morceaux coule de source. Cette musique n'a pas pris une ride et la sensualité qu'elle dégageait à l'époque est toujours aussi présente. C'est assez flagrant et enthousiasmant de voir les good vibes qui se répandent dans le public... En trio, les morceaux prennent une nouvelle dimension. Oscillant entre son de drum electro et batterie acoustique, le batteur impulse une réelle dynamique et du liant avec un jeu assez libre ponctué de quelques fill-in bien sentis. Les voix sont chantées  par JB Dunckel et Nicolas Godin et filtrées par le célèbre vocoder, ce qui renforce le caractère science fiction de leur oeuvre.

Les 5O minutes du set passent à la vitesse grand V et le groupe se retire de scène avant de revenir pour un long rappel Best-of du plus bel effet. 5 titres de Talkie Walkie, dont on fete les 20 ans cette année, seront joués dont les merveilles Cherry Blossom Girl, Run ou Surfin on a Rocket. On aura droit à une belle version instrumentale de Playground Love (issu de la sublime BO de Virgin Suicides, le 1er film de Sofia Coppola).

Rappel final avec le magnifique Alone in Kyoto et le prog rock psyche de Electric Performers...

Une soirée merveilleuse, loin de toute nostalgie tant le son de Moon Safari semble, encore aujourd'hui, hors du temps...

A lire également Air en Best Song Ever ou le rôle de AIR dans les années 2000.


mardi 30 janvier 2024

Erik Truffaz à l'Orangerie de la Botanique (27/1/24)



La magnifique salle de l'Orangerie à la Botanique de Bruxelles accueillait le trompettiste Erik Truffaz et son nouveau quintette. Une soirée qui ne se refuse pas...

Erik Truffaz a toujours été habité d'une farouche volonté de repousser les limites du Jazz, en incorporant d'autres styles musicaux. On se souvient du séminal album, The Dawn, sorti en 98 qui mélait jazz, rythmique drum 'n bass et hip hop dans un esprit aventureux du plus bel effet. L'année suivante, Bending new corners enfonçait le clou et mettait Truffaz aux avant postes d'un son electro jazz qui explosa commercialement aux détours des années 2000 avec des artistes comme Saint Germain ou Bugge Wesseltoft.

En 2023, Erik Truffaz a sorti 2 disques, Clap! et Rollin' qui voient l'artiste et son quintette revisiter à leur sauce quelques standards des musiques de films des années 60 à 80. Les thèmes sont librement réinterprétés et enrichis. Et c'est dans le cadre de la tournée de promotion de ses 2 disques que le groupe se présente à la mythique salle de l'Orangerie.



Le fidèle compagnon de presque 30 ans de Truffaz, l'excellent bassiste Marcello Giuliani est toujours là mais le reste du band est nouveau. L'ambiance dans la salle est détendue. La musique de Truffaz a toujours été très cinématographique dans le sens où les ambiances et les émotions se succèdent avec brio et de manière assez naturelle. C'es presque une évidence de le voir explorer ce genre musical des Bandes Originales de film.

L'omniprésence du Fender Rhodes conjuguée aux saillies bien senties de la guitare nous font penser au groupe de Miles Davis de 1970 au sein duquel officiait Keith Jarrett au meme Fender Rhodes (qu'il détestait et ne pratiquait que sur l'insistance du grand Miles) et John McLaughlin à la gratte. Le tout fut immortalisé sur disque avec les Cellar Door Sessions (indispensable).



Encore une fois le batteur nous fascine, c'est tellement beau de voir jouer un excellent jazz drummer, ca ressemble à une chorégraphie exécutée avec grâce. Le groupe est en osmose et on les sent heureux de se produire dans cette belle salle. On reconnait le thème d'Amicalement Votre, de Belle et Sébastien ou encore un thème du maitre Ennio Morricone... 

Durant le show on passe vraiment par divers états émotionnels mais à chaque fois avec douceur et chaleur. Une soirée exquise!

A lire également le role de l'electro jazz dans les années 2000.

jeudi 18 janvier 2024

Trunks et Michel Cloup à la Maroquinerie (17/1/24)

 Voilà une année 2024 qui commence de la meilleure des manières avec une soirée indé comme on les adore avec une double affiche affolante : Trunks et Michel Cloup. 

Après de longues années d'absence, les rennais de Trunks viennent présenter leur tout nouvel opus, We Dust. Ce collectif, où officie une artiste que l'on adore en ces pages, Laetitia Sheriff à la basse et au chant, est vraiment unique. Leur son est un mélange harmonieux de rock alternatif aux guitares acérées à un savant swing jazz rond et exaltant.


La section rythmique a un groove d'enfer avec une basse ondulante et une batterie jazzy tout en finesse et en expressivité subtile. Le batteur Régis Boulard nous a vraiment scotché, Les guitares oscillent entre apesanteur et tensions schizophrènes. L'apport du saxophone de Daniel Paboeuf apporte une vraie couleur unique à l'ensemble. On se croirait par moments dans un épisode du Twin Peaks de David Lynch. Etrange, surréaliste et réconfortant à la fois...

Le nouveau disque aura été joué dans son intégralité et on aura pas vu passer cette heure avec un groupe dont la grande complicité saute aux yeux... C'est beau... On aimerait les revoir très vite sur scène...


Après ce merveilleux ce concert c'est au tour de Michel Cloup de monter sur scène, en formule trio pour défendre son 1er album sous le nom de Michel Cloup, Backflip au dessus du chaos... On a dejà beaucoup écrit sur Michel Cloup en ces pages où on le considère comme l'une des légendes du rock alternatif en France, au même titre que son comparse Pascal Bouaziz (notre héraut 2023)... 

2 monuments qui s'ignorent comme tels et c'est ce qui fait toute leur force et leur charme... D'ailleurs leur réunion en 2021 pour le projet à la ligne reste encore dans nos mémoires (concert de l'année 2021). A la Maroquinerie hier soir, ce fut une nouvelle fois un régal. Le meilleur du rock indé à guitares combiné à une rythmique inventive à la limite de la dance music (non ce n'est pas un gros mot), c'est imparable... Des textes qui ont un sens et frappent en plein coeur... Monumental encore une fois

Une soirée réjouissante qui nous fait dire que peut etre, 2024 ne sera si mal...

A lire également Michel Cloup à Petit Bain et avec Pascal Bouaziz et Laetitia Sherrif dans notre Top 2020.

samedi 30 décembre 2023

Best of 2023 : le classement MRM des 10 meilleurs concerts


 Rien ne remplacera jamais les sensations procurées par la musique live jouées par des artistes bien humains... Ce sera au moins une place que l'IA ne prendra pas... En 2023, on aura, bien heureusement, eu droit à notre lot de grands moments en concert.

A commencer par les exceptionnels Young Fathers. Chacune des 3 prestations des écossais vues en 2023 à l'Elysée Montmartre, à la Route du Rick et à Rock en Seine furent incroyables... Ils ont une telle générosité sur scène, une telle intensité que leurs shows se transforment en grand messe chamanique...

Le Boss, lui non plus, n'a rien perdu de sa puissance et de sa force rassembleuse. 3 heures de concerts fédérateurs dans une Defense Arena acquise à sa cause et avec un E-Street Band impressionnant.

Les Pixies ont enflammé l'Olympia en plein blocage de la place de la Concorde au moment de la réforme des retraites tandis Cypress Hill a merveilleusement fêté les 30 ans de Black Sunday en débarquant sur la Grande Scène de Rock en Seine au pied levé, en remplacement de Florence and the Machine.

Sorry a défendu de mains de maitre sur la scène de Petit  Bain et à la Route du Rock son opus #1 de notre TOP 2022. Les #1de notre Top albums 2023, Bruit Noir ont plongé Petit Bain dans une réjouissante euphorie languissante tandis que le Pere Noel s'est rappelé à nos vieux souvenirs au Zenith.

Contre toute attente, Morrissey a effectué en retour en grâce à la Salle Pleyel, tandis que les Chemical Brothers ont rappelé à Rock En Seine que leur techno puissante et planante à la fois à peu d'égale. Enfin, Yo la Tengo à la Cigale/Route du Rock et Bdrmm au Point Ephèmère ont défendu une certaine idée de la déferlante guitares chère à nos oreilles.


MRM TOP 10 CONCERTS 2023 :

1. Young Fathers à l'Elysee Montmartre/la Route du Rock/ Rock en Seine

2. Bruce Springsteen à la Defense Arena

3. Pixies à l'Olympia

4. Cypress Hill à Rock en Seine

5. Sorry à Petit Bain/Route du Rock

6. Bruit Noir à Petit Bain

7. Noel Gallagher au Zenith

8. Morrissey à la Salle Pleyel

9. Chemical Brothers à Rock en Seine

10. Yo la Tengo à la Cigale/Route du Rock

10. Bdrmm au Point Ephémère


A lire également le TOP 10 Albums 2023

dimanche 17 décembre 2023

Best of 2023 : le classement MRM des 10 meilleurs albums


L'année 2023 se termine et le temps des bilans ressurgit, comme à chaque fois... Vu le contexte international, on ne peut pas dire qu'on ne soit pas content que cette année touche à sa fin... Guerre en Ukraine qui continue, guerre au proche Orient, massacres, tueries, année la plus chaude (ou presque) depuis des décennies, inflation, montée des extrémismes... 

Et dans ce contexte, heureusement que nous avons la musique pour nous aider, nous soulager, panser nos plaies, nous émerveiller, nous faire réfléchir et faire battre nos coeurs chaque jour... Cette année le trio de tête a été très difficile à départager... 

Mais au final c'est le 3ième album de Bruit Noir, qui, comme une évidence, trone au sommet des notre top 10 2023... IV/III (le III était trop bon ils l'ont gardé pour eux ;-)..) est encore plus radical, plus sombre et plus libéré que son prédécesseur... Pour nous aider à passer l'année, il fallait bien que Pascal Bouaziz et Jean-Michel Pirès se surpassent... Quand je ne vais pas bien, j'écoute Bruit Noir, ca me réconforte... Un disque d'intérêt public...

Les vétérans de Yo La Tengo démontrent une fois de plus qu'il est possible de vieillir en continuant à surprendre et à innover... Entre noise, ambient dub rock et pop, le trio new yorkais réalise une véritable démonstration... Brillant...

Les écossais de Young Fathers sont eux aussi indispensables. Quel talent, quelle audace! Ils sont inclassables et totalement chamaniques... Et quelle claque monumentale en live (on en reparlera avec le TOP Concerts 2023).

Le Père Noel Gallagher, revient des expérimentations lourdingues et sort un beau disque de pop, aux arrangement encore une fois classieux... le leader des Fontaines DC, Grian Chatten, nous prend au dépourvu avec un disque solo de toute beauté, aidé par l'excellent producteur Dan Carey. 

Depeche Mode qui sort un très bon disque, en 2023, plus de quarante ans après Speak and Spell, c'est inespéré.  Après un disque d'obédience Motown, Miles Kane sort cette année un LP de rock pop comme seuls les anglais savent en sortir, c'est réjouissant et hautement addictif en ces temps de crise.

Blonde Redhead nous recouvre, encore une fois, de toute sa classe avec cette injonction irrésistible "Sit down for Dinner". Bdrmm a sorti l'album sonique de l'année, un régal, tandis que Trunks nous a émerveillé avec un disque de rock indé magnifique réalisé de mains de maitre par Thomas Poli... Wilco continue sa route et nous embarque à chaque fois? Blur enfin nous a ému avec un Ballad of Darren empreint de la patine du temps et des pertes qu'elle induit...

MRM TOP 10 ALBUMS 2023:

1. Bruit Noir : IV/III (Ici d'ailleurs)

2. Yo la Tengo : This stupid world (Matador)

3. Young Fathers : Heavy Heavy (Ninja Tune)

4. Noel Gallagher : Council Skies (Sour Mash)

5. Grian Chatten : Chaos for the Fly (Partisan)

6. Depeche Mode : Memento Mori (Mute)

7. Miles Kane : One Man Band (Modern Sky UK)

8. Blonde Redhead : Sit Down for Dinner (Section 1)

9. Bdrmm : I don't know (Rock Action)

10. Trunks : We Dust (II Monstro)

10. Wilco : Cousin (dbpm)

10. Blur : the Ballad of Darren (Parlophone).


Pas loin du TOP 10 : Farrago, En Attendant Ana, Geese, Slowdive, Feist, The Coral...


MRM Best Tracks 2023

Bruit Noir : Calme ta joie

Blur : The Narcissist

Yo La Tengo : Sinatra Drive Breakdown


A lire également le TOP 2022 et le TOP Concerts 2023

lundi 4 décembre 2023

Blonde Redhead à la Cigale (28/11/23)


 


Déjà 6 ans que l'on avait plus de nouvelle de Blonde Redhead. Quelle joie de les revoir sur la scène de la Cigale dans le cadre de la tournée de leur 10ième album "Sit down for Dinner".

Le trio new-yorkais est toujours aussi classe. Son nouvel album est un régal de pop classieuse. Son précédent disque, Barragan, paru en 2014 avait surpris par son dépouillement et son caractère éthéré, Sit Down for Dinner reste dans le prolongement avec une volonté d'épure manifeste même si les arrangements sont plus nombreux et peut être encore plus appropriés.

C'est certainement un album pop dans le sens ou le mélodies sont reines et emportent l'auditeur dans une mélancolie rêveuse du plus bel effet.... Il y a de la simplicité et de la subtilité dans ces chansons.

Le début du set tourne autour de Misery is a Butterfly avec pas moins de 3 titres sur les 4 premiers joués (Falling Man, Doll is Mine, Elephant Woman). Ce départ très sonique, dans la pure veine du Blonde Redhead des années 2000, entre dream pop et psyché envoutant, ravit forcément les nombreux fans présents dans une Cigale sold out depuis des semaines


En cela, le morceau introductif du dernier LP, Snowman, est une parfaite transition entre les 2 époques, suffisamment riche soniquement et épuré en terme de texture sonore pour raccrocher les wagons. Les merveilles Melody Experiment (ce titre résume, littéralement, à lui seul la quête incessante de Blonde Redhead) et surtout Sit Down for Dinner part 1 et part 2 permettent à Kazu Makino de déployer tous les charmes du nouveau Blonde Redhead... Elegance, volupté et réconfort... La grande classe...

Les deux classiques que sont 23 et Spring and by Summer Fall continuent d'embraser la salle avant que Rest of Her Life ne vienne clore de toute beauté un set magnifique... En rappel, Not for Me et Kiss Her, Kiss Her du dernier album viendront fermer le ban, laissant le trio ému sur scène devant les applaudissements reconnaissant d'un public sachant sa chance d'avoir partagé un tel moment de grâce avec ce groupe si précieux.

A lire également Blonde Redhead au Trianon et à Rock en Seine.

mercredi 15 novembre 2023

Noel Gallagher au Zenith (11/11/23)


 Le Commander in Chief n'était plus venu en France depuis 2018, une éternité. Les parisiens furent gâtés cette année là avec 3 dates, 2 Olympia et 1 Lollapalooza pour promouvoir son si décrié 3ième album : Who built the Moon ?

Ce 3ième effort solo partait d'un volonté, louable, de se renouveler et de sortir de sa zone de confort. Conçu en partie à partir de la basse, le disque manquait des mélodies imparables auxquels le sieur Gallagher nous avait habitué au fil des années... On aura largement préféré les 3 EPs, d'obédience dance music qui suivirent juste avant la pandémie.  Les meilleurs titres illuminant d'ailleurs le disque 2 du Best of sorti en 2021 (avec les 2 très bon inédits We're on our Way Now et surtout Flying on the Ground, pop song ultime et aérienne presque Motown dans l'esprit...).


Le nouveau LP, Council Skies, renoue lui avec les guitares et un songwriting plus conventionnel et recèle de pépites mélancoliques comme Dead to the World (piano, guitare, voix, cordes) ou Trying to find a world that's been and gone, chanson post pandémie cathartique... Et bien sûr les singles efficaces comme Easy Now (le décollage du refrain est sublime) ou Council Skies ou Pretty Boy... La fin de l'album est plus anecdotique...

Dans un Zenith bien rempli, les High Flying Birds qui voient le retour auprès du chef de 2 anciens Oasis (Gem Archer et Chris Sharrock) démarrent avec des chansons de Council Skies dans une ambiance qu'on qualifiera de bienveillante à défaut d'un enthousiasme débordant. Pourtant ca déroule, le boss est en voix, les 3 choristes apportent un vrai truc sur certaines chansons. Les singles fonctionnent bien en live : Pretty Boy, Council Skies (même si les arpèges magiques de Johnny Marr  sur disque sont joués par Gem et sont peu audibles) et surtout Easy Now.


Noel jouera ensuite 2 titres de Chasing Yesterday pas parmi les meilleurs avant de finir son set solo avec les claissiques If i had a gun (qui aurait pu etre un single d'Oasis), AKA what a life et son synthé acid house/dance années 90 et le sublime et dépouillé Dead in the Water.

Deux tiers de titres solo et un tiers de chansons d'Oasis... Nombreux sont les fans déçus de ne pas entendre plus du groupe mythique... Le temps a passé et Noel Gallagher, fait le choix de privilégier son passé récent et il a tout a fait raison. Le choix de faces B plutôt que des hits singles d'Oasis est intéressant et risqué... Going Nowhere (face B de Stand by Me), The Masterplan (face B de Wonderwall) et Half the world away (Face B de Whatever) sont devenus des classiques du groupe... Noel va meme plus loin et réarrange la plupart des titres joués. On retiendra notamment cette version épurée et sublime de Live Forever

Il y a certainement aussi la volonté de se démarquer de son frère Liam, qui lui livre depuis 2017 et le début de sa belle carrière solo, des versions plus proches des disques d'Oasis...

Au final, on aura passé un super moment, certainement moins extatique qu'avec son frère mais après tout c'est bien cette différence et cette complémentarité qui faisait la force du duo à l'époque bénie d'Oasis...

A lire également Noel Gallagher au Grand Rex et au Casino de Paris, Liam en concert ou le cas Oasis...

lundi 6 novembre 2023

Bdrmm au Point Ephémère (3/11/23)


 Les jeunes anglais de Bdrmm (prononcé Bedroom) sont venus deféndre au Point Ephémère la sortie de leur excellent second album "I don't know". Le concert dans la petite salle indé parisienne affiche complet depuis juillet, c'est dire l'engouement pour les 4 anglais du nord.

Leur 1er effort sorti en 2020 avait grandement attiré notre attention. Entre Dream pop et Shoegaze, Bedroom (le LP) remettait en lumière une vision sonique de la pop que l'on adore en ces pages. Le nouvel album vient affirmer cette première assertion mais en glissant ça et là des ambiances ambient et electro qui élargissent la palette des sensations provoquées par le combo.

Le changement de label, de Sonic Cathedral à Rock Action, le label des écossais de Mogwai n'y est peut etre pas pour rien... Bdrmm a d'ailleurs accompagné Mogwai en concert l'an dernier et on avait pu donc les découvrir sur la scène de la Salle Pleyel, certainement encore un peu grande pour eux (son mal maitrisé et voix perdues dans le mixage).


Au Point Ephémère, c'est une tout autre histoire. Le son est remarquable, les voix ressortent et renforcent ce coté aérien que les guitares (Joe Wickers, Ryan Smith) soit suivent, soit fracassent dans un déluge de distorsion reverbérée... C'est un régal... Et que dire de la basse de l'émouvant Jordan Smith, qui swingue et ondule à merveille, donnant beaucoup de groove aux morceaux... La batterie de Conor Murray n'est pas en reste dans un style Shoegaze old style approprié.

Des titres comme Alps, Just a bit of Blood ou We Fall apart sont déjà des classiques... Les géniaux Push/Pull, Gush ou encore Happy du 1er album ne sont pas en reste... Quel plaisir de retrouver ce mur du son, ces guitares soniques frondeuses, ces chants éthérés... On part loin et on voudrait que le concert ne s'arrête jamais...

A lire également Ride, My Bloody Valentine, Slowdive, Beach House, Diiv, Deerhunter...

jeudi 26 octobre 2023

Bruit Noir à Petit Bain (25/10/23)


Encore un album pour que dalle, encore un concert pour rien... La Release party du 3ieme album de Bruit Noir à Petit Bain était bien évidement l'évènement de ce début d'automne... 

IV/III, l'album de trop, vraiment? L'album qu'il faut plutot... Nécessaire, vital, indispensable... en ces temps de merde où depuis 3 ans les crises les plus affreuses succèdent aux crises les plus merdiques dans un emballement temporel qui nous replace en permanence au centre de la lessiveuse... Période atroce que seule l'art peut transcender...


Quand je vais moins bien, j'écoute Bruit Noir, ca me réconforte... Ce nouvel opus est au diapason de la période, plus sombre, plus radical, plus surprenant... Pascal Bouaziz dit écrire sans filtre pour Bruit Noir et c'est en cela que ce groupe est précieux... C'est comme si on libérait à son écoute toutes ces idées noires, tordues et parasites, refoulées par notre inconscient perdu dans le dédale des informations macabres, anxiogènes et contradictoires dont il fait l'objet... 

L'expérience Bruit Noir est jubilatoire et expiatoire. Sur des rythmiques alambiquées composées par Jean-Michel Pires et souvent perverties par des nappes de synthé aériennes, les textes de Bouaziz désarçonnent et fascinent... Le Visiteur, sur la tragédie d'un migrant laisse sans voix... D'une humanité désarmante...

Tourette et Calme ta joie sont sans doute les 2 meilleures chansons de l'année, haut la main... 


En live, Bruit Noir joue la quasi intégralité de IV/III (manque à l'appel le morceau le plus punk de la décennie : Tourette et c'est bien dommage, on aurait adoré entendre ce flow jouissif en direct...). L'apport d'un jeu de batterie rudimentaire sur les bandes lancées dans un Petit Bain bien rempli donne une vraie densité au son. Bouaziz se lache au fil des morceaux.

L'apport de la basse de Stéphane Pigneul sur plusieurs morceaux rend le tout presque Joy Divisionesque... Un paquet de dejà classiques seront joués : Paris, Romy, l'usine... Forcément, Calme ta joie nous aura fait vibrer... Et le concert ne pouvait que se terminer par le Succès...

Une soirée d'exception mais faut jamais se réjouir des bons moments, ca dure pas...

A lire également Bruit Noir au Café de la danse et dans notre TOP 10 ou encore Pascal Bouaziz et Michel Cloup ou Mendelson


lundi 2 octobre 2023

New Order au Zénith (26/9/23)


 New Order était de retour dans la ville lumière dans un Zenith plutôt bien garni. La 1ere chose qui surprend c"est de voir dans la fosse autant de vingtenaires que de cinquantenaires. Le groupe n'a pourtant pas eu de hit single depuis au moins 2 décennies mais c'est vrai que leur musique, mélange de dance et de rock parait toujours aussi moderne de nos jours....

Le concert commence par un faux départ lorsque Bernard Sumner arrête de jouer après seulement quelques mesures de Crystal, leur single dévastateur de 2001, sonnant le retour au sommet du groupe de Manchester après presque une décennie d'absence (Republic en 1993). Le son est un peu brouillont mais dès Age of Consent tout repart dans le bon sens.

On voit sur les écrans géants que nos héros ont bien vieilli mais l'énergie est toujours là.  Après un trou d'air en milieu de concert, le set semble repartir avec le morceau "Waiting for the Siren's call"... La basse est sur ce morceau parfaitement présente et audible mais ce sera presque le seul morceau... L'absence de Peter Hook se fait cruellement ressentir, le nouveau bassiste ne pouvant pas légitimement prendre le meme espace... 


C'est fou, tout de meme, de penser que les membres survivants de Joy Division ont réussi à survivre au suicide  de leur ami et leader pour totalement se réinventer avec New Order en alliant à la perfection dance music et rock... A ce titre, que dire du triptyque True Faith, Temptation, Blue Monday...

Le Zenith s'est littéralement transformé en piste de danse géante... Une tuerie jubilatoire.... La pop dance song parfaite (True Faith), la dance song ultime (Temptation) et la techno pop song de l'age d'or de l'Hacienda (Blue Monday). 

Que demander de mieux? Et bien un rappel bouleversant avec 2 titres de Joy Division : Atmosphere et Love will tear us apart... Avec sur l'écran géant derrière le groupe ces images de sorte de célébrations profanes avec des photos de Ian Curtis brandies en étendard... 

A lire également New Order au Bataclan ou en Best Song Ever avec Blue Monday ou encore Peter Hook en solo

mercredi 20 septembre 2023

Feist à l'Elysée Montmartre (15/9/23)


 La pop music a cette force émotionnelle qui vous prend par inadvertance et vous renverse par surprise... Comme a pu le faire Feist lors de son passage à l'Elysée Montmartre pour défendre son 6ième album Multitudes...

A l'évocation de ce titre, on pense forcément à la récente chanson de Bob Dylan : I countain multitudes tant ce paradigme pourrait s'appliquer à la chanteuse canadienne. On la découvre sur scène pour la 1ere fois et quelle surprise en arrivant dans la salle de l'Elysée Montmartre de voir une mini scène en plein milieu de la salle.

Feist s'y présente, seule, avec un iphone dans la main, filmant son arrivée. Elle le confiera assez vite à une personne de l'assistance (en fait un membre de son crew) pour qu'il filme en déambulant dans l'espace, le tout étant projeté sur écran géant au niveau de l'emplacement de la scène principale de l'Elysée...

Ces visuels arty des spectateurs rendent l'atmosphère d'autant plus intimiste que Feist joue seule de la guitare acoustique et n'hésite pas à dialoguer longuement avec son audience entre 2 morceaux. On a l'impression d'assister à un concert d'une amie dans son salon. C'est assez poignant, frais et convivial... Il faut beaucoup d'audace et de confiance pour tenter telle aventure... 


Au bout d'une petite heure et quelques perles de son nouvel album : The Redwing, Forever Blue et Become the Earth, Feist rejoint la scène principale et son groupe pour un set électrique puissant. C'est comme un second concert qui commence avec une énergie totalement différente, forcément...

Artiste protéiforme à la voix envoutante, Feist réussit le tour de force de créer ce lien intimiste et fort avec son public afin de l'amener vers un mood plus libérateur et extatique grâce à la force électrique d'un groupe au diapason de sa générosité...


Un ultime rappel, seule en piste avec un Of Womankind chanté dans la fosse et un superbe Love who we are meant to avec projection des paroles manuscrites derrière elle...

Une très belle soirée.

lundi 18 septembre 2023

Geese à la Maroquinerie (16/9/23)


Et si New York City était encore le berceau du renouveau du Rock? Eléments de réponse avec la venue à Paris de Geese pour défendre la sortie de leur second album : 3D Country.

A peine un an après les avoir vu à la Route du Rock pour une prestation emballante, on a l'impression de voir un autre groupe sur la scène de la Maroquinerie. Après un 1er disque de post punk exalté, Geese surprend son monde avec un nouveau disque qui part un peu dans tous les sens.

A la 1ere écoute, 3D Country sonne complétement éclaté. Le 1er titre, 2122, en est le parfait exemple. On dirait un pastiche de Led Zepelin façon prog rock en montagnes russes avec un chant très expressif qu'on ne saurait qualifier, à ce stade, de parodie ou de lâchage jubilatoire... Le titre suivant 3D Country surprend tout autant. Le chant est tout aussi déconcertant jusqu'à l'arrivée de choeurs, qu'on dirait piqués à Primal Scream (version Movin on up) qui donnent tout leur sens à l'ensemble. 


A partir de là on comprend la démarche, des mélodies pop, exp(l)osées aux 4 vents des intentions émancipatrices des 5 new yorkais... Ils essaient de combiner plusieurs moods dans une meme chanson sur la base d'une mélodie vocale solide. Cowboys Nudes ou I see myslef et leurs refrains fédérateurs en sont la parfaite démonstration.

Sur scène, Geese débute son concert avec un étonnant piano voix, comme pour, une nouvelle fois signifier qu'il ne feront pas ce qu"on attend d"eux... La voix hyper maitrisée de Cameron Winter nous rappelle celle de Julian Casablancas (y'a pire comme référence).


Mais les choses sérieuses reprennent vite avec 2122 et ses fulgurances. Le public est vite en feu et reprend à tue-tête les refrains de Cowboys Nudes ou I see myself. C'est tellement la folie que sur un morceau, le bassiste lâche sa basse pour pogoter dans la fosse... Du rarement vu...

Que cela fait du bien de voir un jeune groupe (ils ont tous 20 ans ou à peine) à guitares mettre le feu à une salle remplie de jeunes... Le Rock n'est peut etre pas encore mort... L'histoire se répétant inlassablement, on pourrait rêver à un nouveau retour du Rock, fomenté encore une fois depuis New York... Mais on était tous bien réveillés à la Maroquinerie ce samedi...

A lire également Geese à la Route du Rock

jeudi 14 septembre 2023

Paul Weller à la Salle Pleyel (12/9/23)


Une autre légende vivante de passage à Paris : Paul Weller. Et il fallait bien l'écrin classieux de la Salle Pleyel pour le Modfather.

Il est assez curieux de constater que Paul Weller est assez peu passé par la France ces 20 dernières années. Un concert à Paris tous les 5/6 ans, deux ou trois dates ailleurs en France et c'est tout. Pourtant, en Angleterre, le leader des Jam jouit d'une aura particulière. 

Que soit avec le post punk des Jam, l'ouverture d'esprit musicale de The Style Council ou la pop classieuse de ses albums solo, le Modfather a toujours su cultiver son art de la mélodie. 21 albums solo au compteur, le dernier datant de 2021... Sa venue à Paris était donc un évènement.


Weller joue devant une salle comble et avec la judicieuse présence d'une petite fosse debout dans cette salle à l'acoustique classique de renom (c'est quand meme un concert de pop rock); le reste des places étant assises.

Pour etre honnête, on ne connait pas bien l'immense répertoire du Monsieur et on se laisse donc porter par l'enchainement très plaisant de titres aux allures de classiques pop. Le mot qui retranscris le mieux la prestation du groupe et de son leader : la classe! La grande classe même.


1 batteur, 1 percussionniste (2 batteries sur une poignée de titres), 1 bassiste, 1 homme aux claviers, 1 second guitariste et Mister Weller. Le tout sonne admirablement bien et embrasse une large palette d'émotions pop. 

Les chansons de The Style Council rappellent à quel point Weller a pu explorer les moods et les ambiances durant sa carrière. Shout to the Top, My ever changing moods, Headstart for Happiness sont de vrais tubes intemporels qui foutent la patate. 

En solo, toutes les époques y passent et le nombre de perles enfilées dépasse l'entendement (I'm where i should be, Stanley Road, Fat pop, Saturns Pattern, The Changingman, Peacock Suit...). On aura droit quà un seul titre de The Jam : The Start et c'est peut etre le seul regret de cette très belle soirée...

mercredi 30 août 2023

Chemical Brothers, Cypress Hill, Young Fathers, Romy, Angel Olsen, Gaz Coombes, The Strokes à Rock en Seine 2023 (25&26&27/8/23)


Traditionnelle  fin d'été avec le festival francilien de Rock en Seine. Après une édition 2022 (1ere post covid) record avec 150 000 spectateurs sur 4 jours, l'édition 2023 se solde par une très légère baisse à 144 000 personnes. Dans le détail, 3 soirées sold out à 40 000 personnes avec 2 énormes têtes d'affiche (Billie Eilish et The Strokes) et un vendredi soir à seulement 24 000 personnes...

Quand on se souvient qu'à la grande époque de Rock en Seine avec l'équipe fondatrice (François Missonnier avec ses acolytes de Radical Productions et Garance) la jauge maximum était à 30/33 000 personnes par jour et que le site a toujours la même taille, on comprend la logique productiviste des nouveaux propriétaires... Avec 40 000 personnes, le confort et le plaisir d'écoute et de déambulation dans le festival n'est pas le même qu'à 30 000....

Après il ne faut non plus etre surpris lorsque qu'un géant américain de l'entertainment (EAG) rentre au capital avec un ancien banquier, on ne peut que s'attendre à voir un P&L qui a de la gueule et donc un Chiffre d'affaires et un ebitda qui augmente... Quand on entend que Billie Eilish aurait demandé 1,5 millions d'euros de cachet (soit 3 fois plus que The Cure en 2019, dejà inaccessible pour le festival à l'époque Missonnier), on comprend mieux pourquoi une soirée décalée lui est dédiée avec des tarifs de base proche des 100 €...


Le risque est que Rock en Seine se transforme en soirées dédiées à une mega star autour de quelques faire valoir... Mais la présence à la direction d'un programmateur, Matthieu Ducos, qui a fait toutes ses armes à RES depuis 2004 et de nature à nous rassurer sur le court terme. La programmation 2023 était d'ailleurs prometteuse avec un esprit RES historique bien présent dans l'ensemble sur les 3 jours du weekend (hors soirée spéciale du mercredi) et bien plus que le combo samedi/dimanche de l'édition 2022 par exemple...

Le vendredi commence fort avec les américains de Turnstile qui enflamment la scène de la cascade. Dans la lignée musicale d'un Rage Against the Machine mais avec un chant plus rock traditionnel, Turnstile ne fait pas dans la finesse mais délivre une énergie libératrice parfaite pour commencer un festival. Sur la grande scène, la présence à RES de Bertrand Belin pourrait surprendre, mais ce serait oublier que le chanteur français aux paroles quelque peu surréalistes est un excellent guitariste. Dans un mood plus rock qu'à l'accoutumée il délivre un set très plaisant.


Sur la scène du Bosquet, nos chouchous d'En Attendant Ana amènent douceur et beauté au domaine de Saint Cloud. Leur pop à guitares, magnifiée par la  trompette de Camille Fréchou nous remplit de félicité... Le supergroupe Boygenius nous aura un peu laissé de marbre, tandis que les punks de Pogo Car Crash Control auront fait chavirer l'assistance avec leur set puissant, bordélique et ultra speed... avec l'image la plus délirante de ce Rock en Seine, le guitariste sur une planche de surf portée par la foule en train de jouer un solo... Waow...


Bracco et leur indus post punk nouas aura impressionné. La tête d'affiche, Placebo aura livré une prestation plutôt intéressante, bien que quasi centrée sur leur nouvel album, mais on aura filé avant la fin du set pour voir l'une des toutes premières prestation live en solo de Romy, la chanteuse de The Xx. Commencé par un Dj Set très electro dance, Romy aura pris le micro pour chanter ses 1ers singles dont Enjoy your Life. Une belle manière de terminer cette 1ere  journée.


Le samedi commence par la découverte d'Ethel Cain et de sa dream pop qui nous fait penser à Mazzy Star (belle référence). Sur la Grande Scène, Altin Gun aura ensoleillé la journée avec leur pop rock psyché brassant les cultures. Dans la foulée, Noga Erez ne fera pas retomber l'enthousiasme avec son groove ultra moderne. Dry Cleaning aura un peu déçu, on les sentait quelque peu rincé. Confirmation de la bouche de Florence Shaw, il s'agit du dernier concert d'une tournée marathon...


Les invités surprise de dernière minute, Cypress Hill, qui remplace au débotté Florence and the Machine, remportent haut la main la mise. Ces légendes du hip hop, venus deja 2 fois à RES, ont tout cassé. Ils en auront profité pour célébrer les 30 ans de leur album culte Black Sunday en l'interprétant en intégralité sur la Grande Scène. Magique...


La grande autre claque de la soirée sera le show monumental des Chemical Brothers. On les a vu un paquet de fois et on n'a jamais été déçus. Leur musique electro big beat est intemporelle. Ils auront joué tous leurs classiques (Star Guitar, Galvanize, Setting Sun, Block Rocking Beats, Hey Boy Hey Girl...) et nous auront transporté tellement loin avec des visuels psyché démentiels... Formidable...

Dernière journée commencée des 14h avec l'excellente Angel Olsen. Son americana aux envolées lyriques est sublime en ce début d'après-midi dans le cadre bucolique du Parc de Saint Cloud. Le duo Nova Twins pulse sur la Grande Scène mais c'est surtout l'ex chanteur de Supergrass qu'on attend sur la scène de la Cascade. Très classe, Gaz Coombes livre une prestation solide avec belles chansons pop sucrées. 


The Murder Capital justifie son aura de groupe post punk à suivre mais encore une fois ce sont les Young Fathers qui raflent la mise. Toujours aussi intenses, toujours aussi puissants et ce malgré la pluie qui nous pendait au nez depuis 2 jours et finalement arrivée pendant leur show... Des phénomènes, vraiment...


Pour terminer, la polémique The Strokes... le groupe que des milliers de festivaliers étaient venu voir aurait déçu, voir meme choqué les spectateurs selon la presse écrite, toujours avide de polémiques (ca fait le buzz). De mon point de vue, j'aurai vu pendant 40 minutes l'une des meilleures prestations du groupe (comparativement à des shows en 2006 et 2011). Le son est équilibré (malgré quelques décrochages sonores intempestifs), la voix de Casablancas est audible et en place et surtout quel setlist de départ : Whatever happened, Alone Together, Last Nite, The adults are talking, Juicebox, you only live once... Que des titres fantastiques. Jusqu'à Ode to the Mets, dont l'émotion nous aura scotché, c'est un sans faute....


Et après cela, ca dérape...La faute à un Casablancas qui parle trop et veut trop faire son malin en improvisant des reprises sans intérêts, comme un sale gosse qui tout d'un coup veut casser son jouet parce que cela l'amuse... Après ne faisons pas semblant de découvrir que The Strokes est un groupe de branleurs qui se fout un peu de tout... C'est depuis leur début leur marque de fabrique...

Au final, un bon cru ce Rock en Seine 2023...

A lire également Rock en Seine 2022