jeudi 10 décembre 2009

Les années 2000: Une décennie musicale décevante? Episode 5: La décennie du Cross-over


Une décennie s'achêve et c'est déjà le temps des bilans. En sept épisodes, on va essayer de se repasser le film de ces années musicales, histoire de reprendre le train en marche, de tenter les premières analyses avant de s'engouffrer le coeur léger vers les années dix, forcément passionnantes...

Après l'électro et la fin de son âge d'or, on continue notre quête avec ce cinquième épisode consacré au vrai coup de force de la décennie: le Cross-over.

Les Années 2000: une décennie musicale décevante? Episode 5...


La décennie du Cross-over


Déjà dans les années 70 la fusion avait marié Jazz et Rock grâce au génie d’un Miles Davis notamment. Dans les années 90 la fusion engloutissa Rock, Funk, Metal et Reggae. Dans les années 2000 on assiste à un grand maelstrom tout azimut. L’idée est au collage, au copier-coller, à la collision des genres. Le grand succès rencontré par les Too Many DJ’s en est éloquent. Avec leur mix bootleg superposant chansons de styles opposés (the Stooges/Salt ’n pepa, Dolly Parton/Royksopp…) ils sont dans la parfaite mouvance du moment. Cette explosion des genres et des frontières a pris naissance à New-York avec l’electro-clash, mélange de musique électronique, de rock et de punk sous l’impulsion des magiques producteurs du label DFA : James Murphy et Tim Glodworthy (ex-Unkle).

Ils produisent au début de la décennie le tubesque premier single du génial groupe de James Murphy : l’ovni ‘I’m losing my Edge’ de LCD Soundsystem. Sur une rythmique à la Lil Louis, Murphy y raconte l’évolution récente de la scène rock et électro et y expose son spleen de se sentir larguer par ces petits jeunes qui en deux temps, trois mouvements achètent sampler, ordinateurs pour les revendre et racheter des guitares, pour les revendre par la suite… etc. Brillant, décalé et annonciateur des productions suivantes du label. Avec Radio 4 et The Rapture notamment, DFA produit le son électro-clash et tente le rapprochement ultime de l’electro et du rock dansant sous influence punk. Avec les deux albums de LCD Soundsystem (LCD Soundsytem en 2003 et Sound of Silver en 2007) ils enfoncent le clou… De nombreux suiveurs leur emboiteront le pas.

De manière plus que symbolique, les années 2000 avaient d’ailleurs commencé par la sortie en septembre 2000 du nouvel album du plus grand groupe de rock des années 90 : Radiohead. Avec le déconcertant Kid A, ils furent les premiers à bâtir une solide passerelle entre électro et rock. Très influencés par les productions atmosphériques du label Warp (Aphex Twin, Autechre, Boards of Canada), ils font entrer leur rock dans l’univers des synthés analogiques, des sons éthérés, des samplers. La voix de Thom Yorke devient un réel instrument, les compositions énigmatiques et surréalistes. Radiohead sort un très grand album de cross over et annonce en précurseur le contenu de la décennie. Ils enfonceront le clou et leur passage du côté électro avec Amnesiac en 2001 avant de revenir à une synthèse plus équilibrée entre les deux univers avec Hail to the Thief en 2003 et In Rainbows en 2007.

Ces derniers mois, il faut aller du côté de Brooklyn pour y trouver une scène en effervescence, qui sous la coupe de MGMT et des fabuleux Animal Collective, essaie de repousser les barrières d’une électro pop rock atmosphérique sous grande influence psychédélique. Plus que MGMT, Animal Collective semble être la véritable tête chercheuse de cette fin de décennie. Après une poignée d’albums expérimentaux novateurs mais parfois difficile d’accès, ils sortent en janvier 2009 Merriweather Post Pavillion, un album de pop électronique avant-gardiste, hautement influencé par les harmonies vocales du légendaire Pet Sounds des Beach Boys. Un album qui deviendra très certainement légendaire.

Pour le cross-over Jazz/electro on retiendra Bugge Wesseltoft, Jagga Jazzist, Squarepusher et pour le cross-over hip-hop électro les géniaux Prefuse 73 et DJ Shadow qui signe avec The Private Press en 2002 un album décisif de la décennie et pour l’électro dance pop rock festive l’incontournable Damon Albarn qui, après le rock indé brillant de Blur, nous sert avec le deuxième album de Gorillaz, Demon Days, un disque protéiforme et génial en totale osmose avec son temps… Prodigieux. En termes d’innovation en ce qui concerne la production il faudra aller chercher du côté de Dan the Automator (Kasabian) ou des Neptunes (Chad Hugo et Pharell Williams) et de NERD (Neptunes + Teddy Riley), qui avec deux albums brillants et bouillonnants d’inventivité (In Search of en 2001 et Fly or Die en 2004) vont fusionner allègrement Rap, RnB, rock, funk et électro pour faire danser la planète.

Côté production encore, l’un des grands talents de ces dix dernières années restera Danger Mouse qui avec Dangerdoom (Danger Mouse et MF Doom pour un projet électro hip-hop barré), Gnarls Barkley, The Good The Bad and The Queen (encore un projet du génial Damon Albarn avec Paul Simonon à la basse et Tony Allen à la batterie) ou Dark Night of the Soul (projet avec Sparklehorse et David Lynch) va réussir à créer un son aventureux et ultra moderne. Un must…

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