dimanche 21 septembre 2008

Le retour du Suprême

C'est l'évènement hip de cette rentrée à ne pas manquer, la soirée parisienne à 60€ où il faut être présent... Le Suprême NTM re-envaillit Bercy pour 5 soirées sold-out depuis des mois et une reformation improbable de l'un des plus grands groupes français de ces 20 dernières années (au même niveau on ne peut guère citer que Noir Désir, IAM... et puis c'est tout)... On est donc là en ce vendredi 19 septembre pour le second concert de la reformation avec un plaisir non dissimulé de pouvoir enfin voir ce groupe mythique nous balancer en pleine face leurs textes si brillants, cisaillant avec précision une réalité sociale et politique toujours d'actualité 15 ans après...

Première surprise le public: trentenaires, quadras bcbg... Et oui le public a veilli lui aussi et peut mettre jusqu'à 110€ pour voir les idôles de leur jeunesse... Changement d'ambiance... Le show démarre sur les chapeaux de roue, les deux acolytes sont au sommet, ils mettent Bercy en ébullition... Et ca va être comme ça deux heures durant... Une phénoménale débauche d'energie, Bercy n'est plus une salle de spectacle mais devient une véritable arêne romaine, une ambiance de feu et un plaisir jouissif non contrôlé, partagé et essaimé... Une vraie pure sensation, une décharge d'adrénaline, une immersion dans un passé pas si lointain et tellement présent... Une sacrée baffe et tout ça malgré une acoustique scandaleuse... Au niveau du son c'est de loin le pire concert de ma vie à Bercy, c'est inaudible, on ne comprend pas les paroles (heureusement qu'on les connait) et lorsqu'ils parlent entre les songs se lance une opération décryptage qui échoue lamentablement à chaque fois... Ca c'est vraiment naze, le son gache le plaisir... Ca aurait été tellement immense avec une acoustique digne de ce nom...

MRM Crew

dimanche 14 septembre 2008

Jazz à la Villette

Une fois n'est pas coutûme, commençons ce triptyque par la fin et le concert de la légende Lalo Schifrin dans la Grande Halle Charlie Parker. C'est ce qu'on appelle la Grande Classe. Une acoustique époustouflante (on entend même la maracas au milieu d'une cinquantaine d'instruments) une formation jazz classique piano, batterie, contrebasse aidée par l'orchestre d'Ile de France ainsi que deux solistes jazzmen de haut vol triés sur le volet au saxo et à la trompette pour trois heures de concert magnifique... Une relecture des grands hommes du jazz, revigorés, transcendés par des arrangements subtiles, classieux, presque féeriques de M. Schifrin. Sa patte est reconnaissable, magnifique de douceur et d'intensité, sa clairvoyance mélodique bluffante (on a droit à un échange singulier entre les musiques de Stravinsky et de Charlie Parker, d'une confondante évidence harmonique selon le maître (sic!))... Toutes les légendes du jazz sont resuscitées par le Maître: Gillespie, Monk, Bird... Quel bonheur en ces temps de musique saccagée par la compression, les échanges de fichiers de sous-qualité par rapport aux enregistrements originaux voulus par les artistes, de ré-entendre de la musique acoustique si belle, si pleine de nuances, qui nous caresse l'oreille et met tous nos sens en éveil devant un déferlement de sons variés, distincts et parfaits... La beauté, la vraie...

La veille, les Chicagoens de Tortoise ont su magnifiquement montrer ce que leur post-rock expérimental et explorateur devait aux grands noms du free-jazz... On a ici une filiation naturelle en terme de volonté de créer autrement une musique moderne et en phase avec son temps... Un bel effort... Un groupe qui va de l'avant et tente de faire avancer les choses...

Trois jours plus tôt on entamait ce festival inventif et courageux par une vraie expérience sonore: la rencontre Pierre Henry (fer de lance de la musique concrète) et Eric trufaz pour une relecture d'une oeuvre de Monsieur Henry datant de 1963... Je ne suis pas assez érudit musical pour me permettre une quelconque analyse de la performance et resterai donc cantonner à mes impressions: Après 10 minutes difficiles je suis pleinement rentré dans la musique, la suite de sons concrets a commencé à prendre sens, les interventions de Trufaz ont continué à embellir mélodiquement l'ensemble et le voyage aux contrées de terrains sonores inconnus à pû commencer. C'est déconcertant lorsque l'on s'aperçoit que notre oreille est vraiment formatée à une idée bien précise du beau, de la mélodie, d'un enchainement de notes dites harmonieuses... mais dès que l'on sort des sentiers battus, que les sons ne caressent plus l'oreille on a instinctivement un rejet qui s'insinue et on s'arrête là... Alors qu'en donnant sa chance aux sons, à leur concepteur, en prenant sur soi pour franchir cette première barrière acquise et non înnée on s'aperçoit qu'une autre perception est possible, qu'un autre maelstrom sonore est possible, ouvrant la porte à d'autres sensations, d'autres voyages... Courage, Ouverture d'esprit et envie de découverte, les maîtres mots de la soirée, les indispensables préalables à un basculement en nouvelles contrées pleines de possible... Une révélation...

MRM Crew

The Melvins à l'Elysée Montmartre

Le groupe de rock indé culte par excellence. Idolâtré par Kurt Cobain, influence majeure de toute la scène de Seattle de l'époque, précurseurs du Rock Stoner dans lequel se sont engouffrés ensuite Kyuss et le géniallissime Josh Homme, les Melvins n'ont jamais obtenu la reconnaissance publique, voire même critique que leur talent, leur contribution au rock des 90's et 00's, leur intégrité et refus de tout compromis leur aurait mérité... Qu'importe, ils s'en foutent complètement de toutes ces conneries et continuent de donner des shows exceptionnels à travers le monde pour une troupe de fans assidus et toujours présent...

C'est donc à l'Elysée Montmartre, la salle rock par excellence sur Paris, que j'ai eu l'immense honneur de voir ce trio de barjots enflammer une lieu devenu incandescent. une déferlante de puissance lourde, sourde, jouissive avec reflus de guitares embrasées, le jeu cogneur des deux batteurs présent et l'entrelassement des voix du bassiste et de King Buzzo. Sur les titres les plus rapides, les plus incisifs, les plus destructeurs la salle pogote et là s'installe un véritable chaos charmant, une apocalypse heureuse, de la virilité, du contact mais toujours avec respect (si un gars tombe, deux gars vont venir le relever)... Danger et beauté, abandon et don de soi, j'm'en foutisme et engagement extrême, c'est tout ça un concert des Melvins...

MRM Crew

Ps: pour les novices, un album à découvrir de toute urgence, le Houdini de 91 qui a l'honneur de la participation de Cobain sur quelques titres (guitare et batterie...)

Rock en Seine 2008

On parle de Rock en Seine comme d'un festival parisien, hautain, sans ambiance et sans chaleur... C'est sûr que ça n' a pas le côté champêtre des vieilles charrues, ni le côté bucolique de Belfort. Mais celà reste un festival bonne ambiance, dans un décor sublime (le parc national de Saint Cloud), avec une sono parfaite et toujours une programmation léchée qui allie habilement grosses têtes d'affiche, découvertes et des choix 'éditoriaux' sincères et qui vont dans le mille... Une exemple, l'ouverture de la Grande Scène le premier jour par Apocalyptica, un groupe de 'metal classique', une batterie et 4 finlandais qui jouent du métal... avec des violoncelles. Vraiment sidérant d'entendre Seek & Destroy ou Enter Sandman comme si on y était avec la vision de chevelus jouant sur des violoncelles... C'est ça Rock en Seine, un vrai plaisir musical, sensoriel et visuel, un bon esprit... Que du bonheur...

Du premier jour on ressortira la prestation des New Puritans, de la batterie new wave joy divisionienne alimentée par une once d'électro soutenue par une guitare stridante et une voix à propos... Un bon groupe (dont la performance à la Maroquinerie quelques semaines plus tôt m'avait bluffé par sa fraîcheur et son intensité pleine de vérité du moment...). Première baffe de la journée avec Dirty Pretty Things, le groupe de Carl Barat (ex-Libertines), pour un set de vrai rock anglais jubilatoire... Leur second album 'Romance at Short Notice' reprend l'énergie rock post-Clash du premier opus pour y ajouter une teinte de pop qui après une première écoute déconcertante vient irrémédiablement affoler votre cerveau qui en redemande, comme en manque... Une prestation à l'image du groupe: d'une grande sincérité, d'un engagement total... ces gars là se vident les tripes devant nous... c'est ça l'esprit rock... Ensuite on va se divertir quelques minutes devant le show rodé Kaiser Chiefs avant de revenir à une vraie performance hantée, quasi-mystique du grandissime Tricky, qui nous livre un set fiévreux, enfumé comme à l'accoutumé et vraiment trippant... Tel un chef d'orchestre, il va en quelques gestes indiquer la direction à suivre au reste du groupe, initiant solo de basse, de batterie aux endroits clés choisi par le maitre... C'est une expérience quasi mystique, un bel effort... On termine cette belle première journée (chouette ca continue le lendemain) par les dieux vivants de R.E.M. qui nous livrent un concert toutes guitares dehors, à l'image de leur revivifiant dernier album 'Accelerate' le bien nommé... M. Stipe a un tel charisme, une telle présence, Peter Buck un tel son luxuriant bien à lui et Mike Mills un tel complément vocal à Stipe qu'une nouvelle fois la partie est gagnée haut la main, la tête d'affiche a assuré et remplit son contrat...

Deuxième journée de plaisir entamée avec le set bucolique de DB Clifford. Assis dans l'herbe, le soleil baignant nos visages, on se laisse bercer par une douce musique soul d'obédience funk et éléctro. Ca commence plutôt bien. Le premier choc de la journée c'est Jamie Lidell qui l'assène. Avec sa voix de crooner il expérimente sur scène, enregistre en direct des samples de sa voix qu'il va mettre en boucles pour reproduire les mélodies de ses chansons. Sur scène il n'est aidé que d'un exceptionnel batteur. C'est l'esprit électro au service d'une voix chaude et saisissante... C'est juste superbe, un grand artiste innovateur et prenant des risques... The Roots font le boulot, comme d'hab ils enflamment Rock en Seine de leur soul/funk/hip-hop rock, ils mettent le feu. Le sommet de la soirée c'est le hold-up réussi des Raconteurs, où Jack White et Brendan Benson un duo de songwriters hors pairs... Si ils continuent comme ça ils seront les Marr/Morrissey, Lennon/Mc Cartney, Page/Plant du rock folk indé US... D'ailleurs ils sont plus proches du duo de Liverpool que des deux autres, entre autres par cette faculté à se répondre vocalement sur scène... Brendan apporte son aisance pop et harmonique tout en délicatesse, Jack apporte l'énergie dévastatrice du blues et de la simplicité... Vraiment, déjà un grand duo de songwriters, et ils vont faire mieux, je parierai gros la dessus... L'absence de Amy Winehouse une déception? Ouais, mais surtout la chance de donner à The Streets l'honneur de cloturer cette sixième édition, et il s'en tire haut la moins le Skinner, son humour, sa dérision, la précision des ses textes ont fait un malheur, les 'original Pirate materials' ont fait dignement terminer cette belle sixième édition... Et comme d'habitude on quitte le domaine en se disant que l'année prochaine on va revenir et que l'on a déjà hâte d'y être...

MRM CRew

dimanche 7 septembre 2008

The Last Shadow Puppets

The Last Shadow Puppets ont joué l'unique date française d'une mini tournée à L'Olympia le 26 Août dernier avec l'aide d'un orchestre et l'appui de James Ford himself (excellent producteur des Last Shadow Puppets, des Arctic Monkeys et des Klaxons entre autres...) à la batterie pour une soirée de gala exceptionnelle sur le papier car rare...

Au final, je dois avouer que l'attente était tellement grande que je ressors quelque peu déçu... C'était bien mais après avoir écumer avec délice le premier album de ce super groupe (formé par le leader des Arctic Monkeys: Alex Turner et le leader des Rascals: Miles Kane) je m'attendais à retrouver le charme désuet de cette british pop orchestrée (les arrangements de cordes donnent une dimension élégiaque et romantique aux compositions du duo) tellement classieuse et rappelant les grandes heures et les maitres du genre (Beatles, Bacharach, Spector...). Dire que ces deux garnements ont un peu plus de la vingtaine... Du grand art, un déjà classic intemporel à recommander à tous les mélomanes amoureux de mélodies, de douceur et de grâce...

En fait, la prestation d'ensemble était à mon sens amoindrie par un mixage mettant trop au second plan l'orchestre et à des prises de sons voix pas assez nettes (trop de reverberation)... C'est bien dommage car avec quelques réglages on passait de la catégorie bonne soirée à soirée imparable et qui reste défintivement graver en mémoire...

On attends avec impatience la suite des aventures musicales de Turner et Kane avec leurs groupes respectifs (la rumeur annonce la production de prochaines chansons des Monkeys par l'immense Josh Homme des Queens of the Stone Age... Si c'est la cas c'est une rencontre stratosphérique qui risque de valoir le détour)... Turner s'annonce d'ores et déjà comme l'un (peut-etre le) des meilleurs songwriter de la nouvelle génération...

MRM Crew

jeudi 4 septembre 2008

RATM à Rock en Seine

Ils arrivent sur scène en blouse jaune de détenus de Guantanamo avec un sac sur la tête comme parés pour une éxecution imminente: celle de notre société capitaliste et propulsent affublés de la sorte un 'Bombtrack' jouissif qui nous remet illico 15 années en arrière... On se prend à se remémorrer la baffe monumentale prise lors de l'écoute du premier album du groupe en 93 qu'un ami chercheur de son nous avait copié sur K7...

On pourra dire ce que l'on veut: que la section rythmique (Timmy C., Brad Wilk, Tom Morello) après avoir engrangé des millions de dollars en 3 albums mielleux, honteux de leur passé, avec une autre légende des années 90, Chris Cornell chanteur des fantastiques Soundgarden (l'un des groupes les plus vénérés du Seatlle sound pré- éclosion Nirvana) ne mérite plus notre respect, que le groupe revient juste pour empocher les larges cachets proposés par les gros festivals, que depuis les années 90 rien n'a changé et que donc leurs compositions n'ont aucun effet et que c'est juste de la regression post ado pour bobos trentenaires qui veulent se souvenir du temps où ils voulaient faire croire qu'ils étaient de vrais rebels dans l'âme écoutant RATM, les Red Ho, mais pas Public Ennemy car quand même c'est un peu trop dans la violence ghetto et de temps en temps Noir Désir pour la version française du 'Fuck You I won't do what you tell me...'.

Oui, peut-être... Sauf que là, au moment présent où à Rock en Seine on entend ces chansons, on ressent cette force, cette énergie, cette volonté d'éveiller les consciences et bien on est forcé de reconnaitre la vérité du moment et l'incroyable acuité des textes et des sons produits... 15 ans après tout ceci reste d'une actualité déconcertante, comme la reformation de NTM nous le fera ressentir dans quelques semaines à Bercy... Il est grand temps de repenser nos acquis, à la lumière de notre expérience cette fois... Rien n'est jamais perdu, tout reste encore à déconstruire et à réinventer...

On reste sidéré par l'originalité du son RATM, la prédominence de la basse groovy à souhait, la performation constante des fûts et l'extrême inventivité et créativité d'un Tom Morello brillant défricheur de sons à la guitare... Il en joue comme personne et apporte ce côté universel et intemporel à la musique de RATM... Sans oublier les textes au cordeau dévérsés par l'âme activiste du Groupe Zack de La Rocha, le seul dans cette expédition qui ne se soit pas mouillé depuis la séparation du groupe en 2000 dans quelque formation douteuse soucieuse d'engranger du cash plutôt que de grands disques de musique moderne... Bien dommage que la collaboration de la Rocha/DJ Shadow n'ait officiellement accouché que du classique brûlot anti guerre en Irak publié librement sur le net en 2003...

Une telle intense émotion fait complètement revivre, on se sait vivant et prêt à repartir au combat, certainement sans la naiveté et l'insouciance de notre adolescence mais avec la force résolue des experimentés... Et si l'évolution de nos sociétés et de nos mentalités passait par la génération des ados élévés au son RATM?
MRM Crew